dimanche 22 mai 2011

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Morocco: Prisoner in critical condition 

تدخل الة القمع بعنف لتفريق وقفة الأساتدة بالرباط 

المغرب: احتجاجات المجازين أمام القصر الملكي

 

mercredi 18 mai 2011

Biographie de Ali Abdullah SALEH

Biographie de
Ali Abdullah SALEH


Ali Abdullah Saleh, né le 21 mars 1942, est le président du Yémen depuis 1990, date de la réunification du pays.


Il rejoignit les forces armées en 1958 avant d'être nommé président de la République arabe du Yémen (Yémen du Nord) suite à l' assassinat de Ahmad al-Ghashmi, l' ancien président du pays, le 24 juin 1978. Sa présidence du Yémen du Nord de 1978 à 1990 est fortement marquée par la guerre froide et la lutte idéologique qui l'opposait à la République démocratique populaire du Yémen (Yémen du Sud).


À la suite de la réunifications des deux Yémen, il est devenu le président du Yémen unifié en 1990 et a soutenu l'Irak de Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe[1], sans pour autant soutenir l'annexion du Koweït par l' armée irakienne. Il fut partie prenante de la guerre civile au Yémen de 1994 faisant de 7 000 à 8 000 victimes lorsque les autorités du Sud tentèrent de faire sécession, en vain.


Il est le premier président élu du pays en 1999 avec 96 % des voix et est réélu le 22 septembre 2006 avec 77,2% des suffrages. En 2000, il régla le long contentieux frontalier avec l' Arabie Saoudite . En 2004, il ordonna une campagne militaire contre les Houthis dans le cadre de l' insurrection au Saada. Cette campagne dura jusqu'à début 2010 et provoqua la mort d' environ de 5 000 à 7 000 Yéménites.


Malgré les efforts d'Ali Abdullah Saleh dans la démocratisation du pays[réf. nécessaire] et dans la lutte contre l'islamisme[réf. nécessaire], le Yémen reste un foyer d'instabilité, qui doit faire face de plus à une insurrection dans le sud du pays appelant au retour d'un État indépendant au Sud correspondant au territoire de l'ancienne République démocratique populaire du Yémen (communément appelée « Yémen du Sud »).


Le 2 février 2011, Saleh annonce lors d'un discours devant le parlement qu'il renonce à se présenter pour un nouveau mandat présidentiel[2]. La prochaine élection est prévue pour 2013.


Ali Abdullah Saleh appartient au Congrès général du peuple. C'est le principal parti politique au Yémen avec le Parti socialiste yéménite, qui dirigeait auparavant la République démocratique populaire du Yémen, régime d'obédience marxiste.

Source : fr.wikipedia.org/.../kipedia.org/wiki/Ali_Abdullah_Saleh

Biographie de Bachar EL-ASSAD

                              Biographie de
Bachar EL-ASSAD


Bachar el-Assad, né le 11 septembre 1965 à Damas, est le président actuel (depuis la mort de son père en 2000) de la République arabe syrienne et fils cadet du président Hafez el-Assad (1930-2000).


Bachar el-Assad est reconduit à la présidence de la République après sa victoire avec 97,62% des voix exprimées lors d'un référendum présidentiel organisé le 27 mai 2007.


Bachar el-Assad est de confession alaouite, une branche de l'islam chiite largement minoritaire en Syrie.


Bachar el-Assad a fait ses études à l'école franco-arabe al-Hurriyet de Damas. Il y apprend l'anglais et le français qu'il parle couramment. Il passe son baccalauréat en 1982 puis entame des études de médecine. Doctorat en poche, il exerce de 1988 à 1992 comme ophtalmologiste à l'hôpital militaire de Tishreen (banlieue de Damas), puis part à Londres pour se spécialiser en ophtalmologie, ou il fait la connaissance de sa future femme, Asma al-Akhras, une Syrienne musulmane de confession sunnite.


Bachar el-Assad avait à l'origine une faible appétence pour la politique. Hafez el-Assad avait préparé son fils aîné, Bassel, à prendre sa succession.


Son frère Bassel el-Assad qui devait succéder à son père Hafez el-Assad meurt dans un accident de voiture en 1994. Hafez el-Assad fait alors appel à son fils cadet.


Bachar est contraint de revenir en Syrie où il rentre à l'académie militaire de Homs. En 1999, il devient colonel puis effectue des missions de confiance pour le gouvernement syrien. Il s'est notamment rendu au Liban pour rendre une visite au président Émile Lahoud et, en novembre 1999, il est reçu en tête à tête par le président Jacques Chirac à l'Élysée.


À la mort du président Hafez el-Assad, le parlement syrien amende la constitution syrienne pour abaisser l'âge minimum du candidat à la présidentielle, qui passe de 40 à 34 ans. Il est promu deux jours plus tard général en chef des forces armées syriennes par le vice président Khaddam. Le parlement le propose comme président de la République syrienne le 25 juin 2000. Il promet de mettre en œuvre des réformes économiques et politiques en Syrie, et est élu président de la République par un référendum qui s'est tenu le 10 juillet 2000, le peuple syrien voyant en lui un réformateur qui démocratiserait le pays.


Suite à son élection, le régime se libéralise timidement, ce qu'on appelle généralement le « Printemps de Damas ». Des centaines de prisonniers politiques retrouvent la liberté, des forums regroupant des intellectuels parlant de la démocratisation de la Syrie et de la fin de l'état d'urgence en vigueur depuis 1963 voient le jour. Sous la pression de la vieille garde du régime dont en particulier Khaddam qui craignait l'« algérisation » de la Syrie, El-Assad met fin à ce mouvement libéral en déclarant qu'il y a des lignes rouges à ne pas franchir. Il fait arrêter des dizaines d'intellectuels par la suite.


Il est parfois décrit comme un président devant composer avec les membres les plus radicaux de l'administration de son père qui se placent toujours dans une optique de conflit armé avec Israël. Il a cependant réalisé quelques réformes économiques. La libéralisation économique du pays a été très limitée, l'interventionnisme de l'État reste extrêmement présent et la corruption continue à nuire à l'économie du pays. Par ailleurs, les sanctions économiques mises en place par les États-Unis compliquent la situation.


Débutées à partir de février 2011 ces manifestations s'inscrivent dans un contexte de protestations dans les pays arabes. Comme en Tunisie ou encore en Égypte, les manifestants demandent plus de libertés et de démocratie, ainsi qu'un meilleur respect des droits de l'homme.


En dépit des relations tendues qu'a la Syrie avec Israël, le président Assad a demandé la reprise des négociations de paix pour la restitution du plateau du Golan, occupé par Israël depuis 1967. Les États-Unis et Israël l'accusent, par ailleurs, de soutenir activement des groupes armés comme le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique.


En mai 2001, il accueille le pape Jean-Paul II et prononce un discours à Damas dans lequel il critique Israël, il a notamment dit :


« Nous constatons que la justice est bafouée : les territoires sont occupés au Liban, au Golan et en Palestine. Nous les entendons massacrer les principes de l’égalité lorsqu’ils disent que Dieu a créé un peuple meilleur que les autres [...] Ils violent les lieux sacrés, ils tentent de tuer tous les principes des religions célestes avec la même mentalité par laquelle fût trahi puis torturé le Christ et de la même manière qu'ils ont essayé de trahir et tuer le prophète Mahomet. »


Assad s'est opposé à l'invasion de l'Irak par l'armée américaine en 2003, en utilisant le siège de la Syrie au conseil de sécurité de l'ONU en dépit de l'animosité qui existait alors entre les régimes syrien et irakien. Avec l'assassinat du premier ministre libanais, Rafic Hariri, et l'hébergement supposé de militants palestiniens en Syrie, il s'attire les foudres de Washington et de Paris.


Dans le monde arabe, Bachar el-Assad a repris de bonnes relations avec l'OLP et a essayé d'en établir avec des Etats arabes conservateurs, tout en se tenant garant de l'agenda nationaliste arabe de la Syrie.


Il a initié le retrait des forces d'occupation syriennes au Liban, sous la pression internationale. En juin 2001, le gros des forces syriennes s’était retiré de Beyrouth et de sa région, et un nouveau retrait des forces de la capitale et du Metn avait eu lieu en avril 2002. Ces redéploiements avaient ramené les effectifs syriens au Liban de 35 000 à 20 000. En septembre et décembre 2004, la Syrie a ramené ses effectifs à environ 14 000 soldats. L'assassinat, en février 2005, de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, provoque la colère d'une large partie de la population libanaise, les accusations se focalisant rapidement sur les services secrets syriens. Il a abouti à un troisième redéploiement des troupes syriennes, lancé en mars 2005. Le retrait complet du territoire libanais est effectué à la fin avril 2005.


Le vice-président Abdel Halim Khaddam, annonce sa démission de son poste le 30 décembre 2005 dans une interview à la chaîne Al-Arabiya à Dubaï et se réfugie à Paris avec sa famille. En janvier 2006, il y accuse Bachar el-Assad d'avoir menacé Rafic Hariri quelques mois avant son assassinat, ainsi que d'être l'une des têtes d'un système mafieux s'étendant à la Syrie et au Liban.


Partisan du projet de Nicolas Sarkozy pour instituer une Union pour la Méditerranée, Bachar el-Assad est devenu un partenaire indispensable à la réussite du projet. Il participe au sommet du 13-14 juillet à Paris et est invité au défilé militaire du 14 juillet aux côtés des autres chefs d'États signataires de l'accord. Sa présence à la tribune officielle, en ce jour symbolisant les droits de l'homme, fut dès lors controversée.

Source : fr.wikipedia.org/.../.wikipedia.org/wiki/Bachar_el-Assad

mardi 17 mai 2011

La révolution arabe et la reconquête de l’identité

La révolution arabe et la reconquête de l’identité
Par Abdelaziz al-Hays
On considère la révolution populaire arabe qui s’est déroulée en Tunisie et en Égypte, comme étant la révolution de masses la plus importante qui ait eu lieu à l’époque contemporaine après les révolutions française, bolchevique et iranienne. Aujourd’hui, dans le monde arabe, on assiste à une approbation populaire générale de cette révolution en raison de son opposition à l’injustice. Elle est aussi considérée comme un passage obligé après une phase de « blocage » par laquelle est passée la société arabe. Elle est également unanimement acceptée car elle est l’expression de la voix des masses ; voix qui est restée très longtemps dans l’attente.

L’élite et les masses

L’idée de l’expression des masses par elles-mêmes est le plus important problème qui se présente à nous. Ancrée dans l’imaginaire arabe et islamique, l’image négative des masses et du peuple en général a été bouleversée par cette révolution. Notre histoire arabe est une histoire des « élites ». De nombreuses pages de notre patrimoine littéraire, qu’il n’est pas utile de citer, rabaissent les masses et le grand public. Elles les décrivent comme étant de la « racaille », des « rebuts » ou uniquement comme des « petites gens ». Ces pages de notre patrimoine littéraire ont peu fait l’éloge des masses comme le fit Ali ibn Abi Talib, qu’Allah soit satisfait de lui, lorsqu’il dit : « Le peuple de la communauté est le pilier de la religion, ce qui rassemble les musulmans et l’arme pour combattre les ennemis ».

Cette représentation négative du peuple existait aussi en Occident. Le philosophe anglais Thomas Hobbes fut le premier à avoir étudié le terme « peuple » dans son livre Le Citoyen (1). Il dit au sujet du peuple qu’il est composé de « barbares », en raison de leur amour de la guerre, et que le mal fait partie de sa nature. Au XIXème siècle, le philosophe hollandais, Spinoza exposa une autre idée. En parlant du peuple, il utilisa le terme « foule » qu’il considère, dans son Traité théologico-politique (2), comme un être doté d’une grande puissance.

D’autres études ont porté sur le concept de « foule ». A la fin du XIXème siècle, l’historien français Gustave Le Bon considérait dans ses deux livres Psychologie des foules et Psychologie des révolutions (3), que les masses étaient une entité désorganisée et irrationnelle. Selon lui, cette entité avait une tendance à avoir une conduite irréfléchie et était encline à l’extrémisme. Cette position de Gustave Le Bon et l’enthousiasme qu’il mit à défendre cette orientation grandirent à mesure qu'il approfondissait son étude sur l’impact dévastateur de la frénésie des masses sur les sociétés. Les cent années qui ont suivi la Révolution française ont été marquées par une succession de révolutions douloureuses. Aujourd’hui, l’Occident a développé des instruments politiques et d’information qui donnent sa place à l’opinion publique et qui font d’elle un acteur influent et souverain.

Actuellement, l’expression du sentiment populaire arabe et sa pensée s’accomplissent par le biais d’appareils modernes et démocratiques. C’est le plus grand bénéfice attendu après la révolution populaire. Par ce cadeau populaire, les masses auront conscience d’elles-mêmes, de leur force et du fait qu’elles sont une entité à part entière. Cette entité est dotée d’une existence et elle est capable de porter elle-même ses idées, de les exprimer et de les mettre en œuvre. La grandeur de la révolution arabe va s’épanouir si elle représente ses masses, si elle devient leur voix et s’il ne se reproduit pas ce qui est arrivé lors des révolutions arabes des années 1950. Ces révolutions exprimaient les orientations des élites militaires et n’avaient de révolution de « masses » que le nom.

Les exemples de la Tunisie et de l'Égypte ont démontré le désir insatiable des masses arabes de s’exprimer par elles-mêmes. Les appareils de l’autorité et les élites, qui recouraient aux relations de force et de favoritisme, se basaient sur le rejet violent de l’identité et de l’intérêt du peuple. Ils considéraient que prendre parti pour des intérêts « particuliers» nécessitait de prendre position contre l’intérêt « général ». L’élite ne tenait compte que de son opinion et méprisait l’avis « général ».

Finalement, le dominant « se connaît et connaît les autres » comme le dit Pierre Bourdieu dans ses recherches de socio-politique. Dans ce modèle des rapports de force et de contrôle, le dominant est celui qui classifie les gens, qui définit leur position et qui nuance leur identité.

Tunisie… L’identité d’une élite ou l’identité d’une société ?

Dans le monde arabe, la Tunisie était le meilleur modèle de processus d’aliénation identitaire mis en œuvre. Quelle usurpation et quelle marginalisation de l’identité arabo-islamique peuvent être plus profondes que celles mises en œuvre par le Président Habib Bourguiba qui buvait du jus d’orange devant les gens pendant le mois de ramadan (4) ? Ou lorsqu’il demanda d’abandonner le hajj qui épuisait les ressources financières du pays ? Ou lorsqu’il exprima explicitement son mépris pour la langue arabe ?

Après l’indépendance de la Tunisie, Habib Bourguiba avait été condamné par les chouyoukh de la Zitouna et par le Vieux-Destour, pour sa lutte contre les symboles de l’arabité et de l’islam. Sous le slogan de la « modernisation », Bourguiba travailla à détruire les piliers de cette identité arabo-islamique. Il abolit les tribunaux islamiques et promut l’enseignement « francophone ».

De même, il prit la tête du bataillon de ceux qui, sortis des universités françaises, ont dirigé le mouvement national puis les institutions de l'État tunisien moderne. Cette élite œuvrait à la rupture de tout contact avec les racines de la personnalité tunisienne fondée sur l’identité arabe et islamique. En revanche, cette élite était disposée à embrasser et à encourager tous les éléments identitaires qui rentraient en opposition avec les piliers de cette personnalité tunisienne.

Débutée en 1987, l’ère de Ben Ali fut accompagnée d’un simulacre d’ouverture politique démocratique, de respect des droits de l’homme et de croissance économique. La vérité apparut rapidement. Le pays, son identité et la voix de son peuple entra dans une nouvelle phase d’aliénation. En Tunisie, le Général Ben Ali mit en place une politique fondée sur une tyrannie sécuritaire et répressive. Il gérait le pays directement par le biais de son immense dispositif de sécurité alors que son prédécesseur Habib Bourguiba s’appuyait en premier lieu sur son parti.

De par son caractère arabo-islamique, l’identité tunisienne fut une cible au cours de son histoire post-indépendance. Professeur de sociologie politique à l’Université de Tunis el-Manar, Salim Labid l’explique dans son livre L’identité : l’islam, l’arabité, la tunisianité : « L’identité en Tunisie, à travers les nombreuses phases de son histoire contemporaine, a incarné un véritable champ de bataille entre l’élite issue des masses qui s’assimile à l’identité arabo-islamique, comme si assimile le peuple, et une élite qui construit son identité à partir d’éléments qu’elle sélectionne elle-même. Ces éléments peuvent être la francophonie, la méditerranéité, l’africanité, la romanité ou l’identité carthaginoise mais pas l’identité arabo-islamique ». (p.20)

Il faut mettre l’accent sur la dimension islamique et arabe de la personnalité tunisienne car cette dimension a été l’objet d’attaques et de politiques de marginalisation. En réalité, l’identité du peuple tunisien ou égyptien repose sur un héritage historique profond qui lui garantit le droit à la différence et l’expression naturelle de ses composantes. La manifestation d’une identité n’exige pas obligatoirement le refus d’une autre.

Cependant, utiliser des identités en opposition avec une autre identité était, et continue d’être, une méthode pratiquée par le despotisme. Dans un pays qui ne tient pas compte des organisations des droits de l’homme et des institutions civiles et qui ne présente aucune démocratie effective, on remarque que les liens et les relations fondés sur l’identité deviennent un facteur de corruption plutôt qu’un facteur de richesse et de diversité. Contrairement à ce qu’il se passa en Tunisie, il y eut en Égypte une exploitation politique par les gouvernements d’Hosni Moubarak et d’Anouar el Sadate, de la dimension « islamique » de l’identité égyptienne.

Égypte… Un cadeau tombé du ciel entre les mains des puissants

Dés l’arrivée de Sadate au pouvoir, l'Égypte prit un nouveau tournant qui se manifesta par l’alliance avec les États-Unis et la politique d’« ouverture » économique sur le modèle libéral (infitah). Ces deux traits n’ont pas profité à l'Égypte comme elle l’envisageait. Au lieu de cela, seule une partie des élites et des secteurs bien déterminés de la société égyptienne en retirèrent des bénéfices. D'une manière générale, ces deux orientations furent des facteurs d’affaiblissement pour le peuple égyptien.

D’un point de vue économique, au début des années 1980, l'Égypte avait connu un taux de croissance intérieure de 8%, fait sans précédent dans l’histoire du pays. Cette croissance économique ne profita pas au pays dans son ensemble. Le peuple se plaignait des dysfonctionnements administratifs et de la main mise d’un parti unique qui assurait la promotion d’éléments qu’il avait choisis.
Dans la seconde moitié des années 1980, le taux de croissance des revenus intérieurs baissa fortement tout comme le taux de migration et les prix du pétrole. Cet aspect économique eut un impact sur l'ensemble du pays. Il fit baisser le niveau de vie et il provoqua une fracture entre le peuple et la direction politique du pays avec ses orientations stratégiques. Malgré ces problèmes, les classes supérieures et certains secteurs privés, proches du pouvoir, mirent en place une politique qui leur profitait. Depuis cette période, l'Égypte devint un pays sans égal en ce qui concerne le « service des riches », comme le fit remarquer le penseur égyptien Galal Amin.

Ces dernières années, l'Égypte a été témoin de la pire version de cette politique favorable aux classes supérieures. Si le pays n’avait pas vécu cette révolution, il serait devenu le passager contraint du train de la mondialisation économique « néo-libérale » que défendait ardemment Jamal Moubarak et son entourage. Cette nouvelle économie transforme l’identité du pays, brise les structures de production et étrangle les classes subalternes qui représentent 40% de la population.

L'Égypte et sa politique dépendent des hommes d’affaires ou de la « nouvelle garde » comme les a nommés le Centre de recherches américain Carnegie au mois de septembre dernier. Le Centre a constaté que les hommes d’affaires égyptiens jouent un rôle important au niveau de la prise de décisions politiques.

Les « gangs » politiques se sont mis d’accord avec les « gangs » économiques pour piller l’économie du pays et les aides extérieures. On estime que le montant de l’argent détourné s’élevait, au milieu des années 1990, à environ 300 milliards de dollars. L’alliance avec les États-Unis n’a pas été un facteur de force pour l'Égypte comme c’est toujours le cas pour quiconque accepte les conditions étasuniennes.

Des rapports ont démontré que l’administration d’Obama veillait depuis le début à ne faire aucune critique publique du Gouvernement de Moubarak au sujet de ses lacunes dans les domaines de la démocratie et des droits de l’homme.
Le régime de Moubarak n’était pas capable de refléter l’identité du peuple car ce régime était dépourvu d’identité. C’était un régime de « nature personnelle », sans structure, ne pouvant pas évoluer dans quelque direction que ce soit. Il n’était ni démocratique ni même totalitaire comme l’indique Maysa al-Jamal dans son livre L’élite politique en Égypte (p. 220).

Libération de l’autorité étatique et de la tutelle de l’opposition

La caractéristique spécifique de la transformation actuelle réside dans son intransigeance. Les masses s’expriment par elles-mêmes simplement et directement : « gouvernement corrompu alors va t’en !... » C’est ainsi que dans un premier temps le mouvement des masses a pris les choses en main. Le mouvement se restructure d’après la nouvelle situation dans laquelle il gouverne sans les élites ou leurs semblables ; que ce soient les élites de l’autorité ou celles de l’opposition.

En réalité, les élites sont de véritables élites lorsqu’elles sont une source nutritive et un serviteur des masses. Non pas lorsqu’elles s’alimentent sur le compte de ces masses et qu’elles font d'elles un champ dont elles disposent comme elles le souhaitent. De par sa qualité de grand processus de transformation, la révolution des masses recommence la formation d’élites. Elle les crée à nouveau dans un cadre stable à partir d’objectifs réalistes et concrets qui sont liés, dans un premier temps, au bien des gens.

La libération des gens et leur éloignement des dimensions autoritaires et idéologiques sont les plus grands bénéfices de la révolution populaire arabe. C’est le meilleur moyen de retrouver leur identité. C’est l’expression directe de leur volonté et de leur nature.

Les masses se concentrent autour de critères généraux que les gens acceptent. De même, elles éliminent les différences idéologiques, qui peuvent exister en leur sein, comme les normes relatives à la liberté, au respect, à la démocratie et à la justice sociale. D’un point de vue politique, l’intérêt personnel n’est plus aussi important et central qu’il a pu l’être pour l’élite gouvernante liée aux puissances occidentales. De même, ce que veut l’Occident d'un régime arabe n’est plus aussi important tant que l’autorité réside dans la rue et que l’opinion est celle du peuple.

Des fenêtres furent ouvertes aux arabes durant le siècle passé depuis la chute du califat, la fin du colonialisme, l’effondrement de l’Union Soviétique et la coopération politique avec les États-Unis. Les arabes n’ont pas utilisé ces évènements dans le but d’un changement démocratique dans la région. Au contraire, c’étaient des ouvertures exploitées par des élites despotiques et des idéologies fermées.

Néanmoins, aujourd’hui, les caractéristiques d’une pénétration globale du corps social par les idéaux des masses se manifestent dans les pays arabes. Cela, après que les forces de la tyrannie aient épuisé leur énergie et leurs astuces et après l’apparition d’un nouvel ordre « social » conscient des effets du despotisme dans son pays.

Nous pouvons déclarer qu’actuellement les gens ont gagné le droit de s’exprimer par eux-mêmes. Les masses ne sont plus seulement des « majorités silencieuses » comme les décrivit Jean Baudrillard. Il disait à leur sujet qu’elles avaient une énergie négative qui absorbait seulement ce que lui injectaient les élites. Elles ne sont plus aujourd’hui, comme le pensait Abu al-Ala al-Maari « le bataillon des muets », otage de l’esprit des autres.


Notes de lecture :

(1) Cf. Hobbes Thomas, Le citoyen ou les fondements de la politique, Paris, Ed. Flammarion, 1993
(2) Cf. Spinoza Benedictus de, Traité théologico-politique, Paris, Ed. Flammarion, 1997
(3) Cf. Le Bon Gustave, Psychologie des foules, Paris, PUF, 2003 - La Révolution française et La psychologie des révolutions, Kessinger Publishing, 2010
(4) En mars 1964, en plein mois de ramadan, Habib Bourguiba but ostensiblement, à la télévision, un verre de jus d'orange en pleine journée. En février 1961, il avait appelé ses concitoyens à ne pas observer le jeûne du ramadan afin de mieux affronter et combattre le sous-développement.
Source : Al Jazeera
Traduction : Souad Khaldi

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caricature kadhafi 2011

caricature de Kadhafi dessinée sur un mur





point de vue

La révolution arabe n'a pas encore eu lieu

Lorsque nous habitions au Caire en 2008, mon compagnon était sans cesse harcelé dans la rue. Egyptien
 gracile d'une vingtaine d'année, tout dans son maintien et son dialecte trahissait l'orientation sexuelle et le fait qu'il était né et avait vécu en Arabie saoudite. Masri mughtareb, Egyptien de l'étranger : cette condition enviable – les membres de la diaspora étant plus aisés que les autres Egyptiens – le désignait aux pressions des commerçants et aux intimidations des chauffeurs de taxi. Qu'il ouvre la bouche, et les prix s'envolaient ; qu'il proteste, et les menaces pleuvaient. A une ou deux reprises, il avait échappé aux coups grâce à sa voix perçante (je le surnommais bouri, klaxon) et à son vaste répertoire d'insultes, égyptiennes et saoudiennes. Jour après jour, il rentrait épuisé et tendu à la maison. Hochant la tête, il murmurait : "L'Egypte est une jungle : les lions mangent les agneaux, et il faut être renard pour y survivre."


Trois ans plus tard, l'hostilité et la violence qui divisaient les Egyptiens se sont retournées contre le régime et ont fait fuir Hosni Moubarak, parvenu au pouvoir en 1981. Occupant Midan el-Tahrir (place de la Libération) pendant plus de deux semaines, les Egyptiens ont résisté à la police et à ses auxiliaires, les fameux baltagueya, briseurs de révolution à la solde du pouvoir. La "République de Tahrir" est devenue un havre de solidarité et d'entraide entre hommes et femmes, jeunes et vieux, musulmans, chrétiens et athées. Disparu, le harcèlement sexuel. Envolée, la haine interconfessionnelle. Oubliés, l'incivisme et la négligence. Les chrétiens protègent les musulmans, les musulmans pleurent les martyrs chrétiens. La guerre de tous contre tous n'est plus : à sa place, une vaste révolte, opiniâtre et admirable, a tenu tête à la brutalité policière.


La situation était intenable en 2008 ; en 2011 elle a empiré. Anarchie institutionnelle, corruption, exploitation économique, répression : les raisons de se révolter ne manquaient pas. Les possibilités de le faire étaient plus rares. Les partis d'opposition réelle sont bannis depuis 1952 ; l'état d'urgence, en vigueur depuis 1967, interdit manifestations et grèves. La fuite de Ben Ali a montré la voie : de même qu'en Europe de l'Est en 1989, la chute d'un mur a entrainé la dislocation de tous les autres. Moubarak est tombé ; Libyens, Bahreïnis et Yéménites sont dans la rue ; même les Syriens et les Saoudiens, pourtant durement réprimés, relèvent la tête. Alors que les légions américaines commencent à se retirer du Moyen-Orient, le changement qu'elles étaient censées favoriser se produit enfin, mais pas à la pointe des baïonnettes. Ce sont l'exaspération et la dignité, la colère et le respect de soi qui parlent.


Quelques leçons peuvent être tirées des événements récents. Premièrement, la révolution arabe n'a pas encore eu lieu : en Tunisie et en Egypte, les mêmes têtes – hormis Ben Ali et Moubarak – sont toujours aux commandes du pays. La révolte de 2011, pour l'instant, c'est un peu la fuite à Varennes sans la prise de la Bastille ni l'abolition des privilèges : le président est parti, mais de nombreux prisonniers politiques sont encore à l'ombre et une législation d'exception continue de protéger les puissants. En Egypte, l'armée, qui a fourni à la République tous ses présidents, de Naguib à Moubarak, tient le pays ; la page de la révolution militaire de 1952 n'est toujours pas tournée.


Deuxièmement, les révoltes arabes ne sont pas la révolution iranienne. Il est vrai que les islamistes jouent un rôle important dans les mobilisations égyptienne et bahreïnie. Mais ni les Frères musulmans ni les partis chiites n'ont organisé les journées de 2011 : ils se contentent de soutenir une mobilisation qui les dépasse. Et contrairement à Khomeiny, ils ne parviendront pas à monopoliser le pouvoir : si le clergé iranien était un pilier de l'Etat, les Frères étaient bannis de la scène politique égyptienne, et les chiites de Bahreïn sont durement marginalisés. Si la révolte arabe peut être comparée à la révolution iranienne, c'est parce qu'ici et là, le soulèvement populaire a fourni à une partie de l'Etat (le clergé en Iran, l'armée en Egypte, le prince héritier à Bahreïn) l'occasion de rebattre les cartes du pouvoir.


Troisièmement, la révolte arabe témoigne de changements politiques telluriques. En l'absence de partis crédibles, les mosquées ont longtemps été d'importants lieux de contestation. Mais le religieux a lui aussi été victime de la répression. Militants emprisonnés, mosquées sous surveillance, religion devenue objet de grande consommation : tout a concouru, pendant les dix dernières années, à la dépolitisation de l'islam politique lui-même. En même temps, la révolution technologique a fourni des armes nouvelles à la contestation. Pour s'organiser dans un Etat policier, on peut compter sur ses réseaux familiaux ; mais mieux vaut utiliser internet. La toile a permis de démultiplier la protestation, d'échanger des tuyaux et de bénéficier de la mobilisation de millions d'internautes. Mais qualifier la révolte arabe de "révolution Facebook" reviendrait à confondre l'instrument et l'objectif, les moyens et les fins. La révolte de 2011 est, tout simplement, démocratique : Tunisiens et Egyptiens sont descendus dans la rue pour rappeler aux puissants qu'ils étaient plus puissants – et plus nombreux – qu'eux.


Quatrièmement, la nouvelle génération arabe, plus urbaine, mieux éduquée, plus ambitieuse que la précédente, offre un spectacle que peu d'observateurs, obnubilés par les progrès de l'islamisme et du terrorisme, avaient daigné remarquer. Technologiquement habile, prompte à tirer parti de l'espace urbain, partisane de slogans universels (fin de la répression, départ des corrompus, dignité et respect), son succès à infléchir le cours de l'histoire a paradoxalement tenu à ce que les régimes la croyaient négligeable. Les yeux rivés sur Al-Qaida, personne n'a songé à suivre de près ce que faisait la nouvelle génération. Des trottoirs de Tunis aux places du Caire et aux ronds-points et rocades du Golfe, la jeunesse a transformé les villes arabes en machines à protester. Ce faisant, elle rappelle une vérité importante : le réseau social le plus efficace, celui qui favorise le plus les échanges, la communication et la révolte, ce n'est pas Facebook. C'est la ville.


Les révoltes arabes vont-elles conduire à de véritables changements ? La question agite toutes les têtes, de Washington au Caire et à Riyad. L'enjeu des protestations est la fin du népotisme et de la corruption, le démantèlement des systèmes de clientèle qui, autour d'une famille ou d'un clan, drainent les énergies, stérilisent l'économie, produisent exclusion et répression. Il a fallu attendre un siècle pour que la Révolution française porte des fruits durables et que les Français viennent à bout des blocages les plus révoltants de leur société. Il faudra certainement plusieurs décennies aux sociétés arabes pour remplacer le népotisme par la méritocratie, la corruption par l'égalité des chances, le monopole par la libre concurrence et l'autoritarisme par l'arbitrage pacifique. Une manière pour nous, Européens, d'aider à ce processus serait de faire comprendre aux dictatures arabes qu'elles ne bénéficient plus de l'amitié de Paris, de Londres et de Bruxelles. Les consommateurs que nous sommes pourraient aussi visiter plus souvent Le Caire, Tunis et Manama, et regarder d'un autre œil les commerçants, chauffeurs de taxi et autres badauds. Qui sait ? Il s'en trouvera peut-être un pour nous dire dans un grand sourire, songeant aux atermoiements de Paris face aux révoltes arabes

dimanche 15 mai 2011

caricature Hosni Mubarak

Vice-président de la République arabe d'Égypte (1975-1981) au moment de l'assassinat du président de la République Anouar el-Sadate, en octobre 1981, il lui succède au poste de chef de l'État et se présente à la présidence de la République, élection qu'il remporte le 14 octobre 1981. Il reste au pouvoir jusqu'à sa démission contrainte le 11 février 2011, conséquence de la révolution de 2011.